Paru en 1891, mais créé – non sans scandale – seulement en 1906, Frühling erwachen (l’Éveil du printemps) demeure une œuvre incontournable dans l’histoire du théâtre : sa peinture des troubles de la sexualité naissante chez un groupe d’adolescents, son réalisme psychologique et la qualité de ses intuitions seront admirés par Freud lui-même.
Wedekind porte en effet très loin pour son époque la réflexion sur le problème sexuel dans une société foncièrement puritaine.
Brocardant joyeusement les instances religieuses, pédagogiques et parentales, le dramaturge allemand n’hésite pas à attaquer frontalement l’hypocrisie morale de son époque, qui règle le problème posé par l’éveil à la sexualité en… ignorant purement et simplement celui-ci !
Dans cette œuvre monstre qui mêle finement tous les registres (poésie, cabaret, comédie, drame, tragédie…), s’entrecroisent et s’écrivent les trajectoires d’un groupe d’adolescents.
Ils s’appellent Wendla, Martha, Ilse, Melchior, Moritz, Ernst ou Hänschen. On les découvre à ce moment décisif de la vie où les corps sensibles, les désirs, les énergies viennent buter contre la brutalité du monde des adultes, contre un carcan social, éducatif et politique trop rigide, trop répressif.
Dès lors à chacun, dans cet âge des possibles et dans cette société mortifère, de chercher sa voie et de trouver sa réponse personnelle, intime, face à toutes les questions qui les traversent et les agitent.
Incapables de guider les adolescents à travers les affres du désir et de la jouissance, les adultes induisent involontairement ceux-ci à adopter les solutions que le puritanisme réprouve le plus : sado-masochisme, onanisme, homosexualité, débauche, sans parler de l’avortement et du suicide.
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Texte Frank Wedekind
Traduction François Regnault
Adaptation et mise en scène Sébastien Bournac
À partir de 15 ans
Durée 1h50
Avec Sonia Belskaya, Romain Busson, Raphaël Caire, Anne Duverneuil, Rémi Faure, Nicolas Lainé, Mélissa Zehner en alternance avec Malou Rivoallan.
(Comédien-ne-s issu-e-s de l’Atelier du ThéâtredelaCité CDN Toulouse Occitanie, promotion 16-17)
Scénographie Sébastien Bournac.
Assistant mise en scène Étienne Blanc.
Construction décor et régie plateau Gilles Montaudié.
Lumières Benoît Biou.
Régie lumière Artur Canillas.
Création costumes Sabine Taran.
Œuvre sur toile Renaud Allirand.
Sculpture Claire Saint-Blancat.
Remerciements à Marion Muzac et Alex Saint-Lary Coiffure.
Photographies du spectacle François Passerini.
Production Compagnie Tabula Rasa
Coproduction ThéâtredelaCité – Centre Dramatique National Toulouse Occitanie ; Théâtre Sorano.
Avec le soutien du Théâtre dans les Vignes.
La compagnie Tabula Rasa est conventionnée par la DRAC Occitanie, par la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée et par la Ville de Toulouse.
Avec la participation du Conseil Départemental de la Haute-Garonne.
Avec le soutien du Fonds d’insertion professionnelle de L’Estba financé par la Région Nouvelle-Aquitaine.
Le Groupe Cahors – Fondation MAEC participe depuis 2005 au développement des projets de la compagnie Tabula Rasa.
La compagnie Tabula Rasa est en partenariat artistique avec le Théâtre Sorano.
Photo illustration « hasta siempre » de Alain Laboile.
… Confrontés à la métamorphose de leurs corps, en proie au désir, aux doutes, aux angoisses, aux questions existentielles, ils s’appellent Melchior, Wendla, Moritz, et fougueux et avides de vivre, ils se racontent, se confient, échangent, dialoguent. Entre rêve et cauchemar, ils essaient de comprendre, de savoir, de vivre, de survivre… Avec pour seul décor un gracieux rideau de scène qui se fait voilage transparent et se soulève comme un pétale, les jeunes comédiens de l’Atelier Cité sont ainsi mis en valeur, l’absence de décor faisant également ressentir comme ils sont loin du monde, de sa réalité, vivant dans leur monde à part. Jeunes pousses, jeunes fleurs brisées ou brûlées avant même de s’être complètement ouvertes. Direct comme une brusque montée de sève.
Par Nicole Clodi / Théâtre – Vu au Sorano (in La Dépêche du Midi – 8/11/2018)