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Music-hall « par les villages »

version foraine itinérante



texte de Jean-Luc Lagarce

Quand la réalité rejoint la fiction ...




La démarche

J’ai par deux fois mis en scène la pièce Music-hall de Jean-Luc Lagarce au cours des trois dernières années. Cela n’a rien d’un exploit, mais la démarche est cependant singulière dans le paysage théâtral contemporain. Surtout lorsque je m’apprête, à l’occasion de ma résidence en Aveyron, à proposer une troisième mise en scène de ce texte. Quelle étrange obsession ramène toujours mes pas de metteur en scène vers cette pièce mystérieuse ?
Je la considère aujourd’hui presque comme un manifeste théâtral et poétique du théâtre qui m’émeut et que je veux faire avec la compagnie Tabula Rasa : la conjugaison d’une exigence dramaturgique contemporaine et d’une idée « populaire » du théâtre, précisons tout de suite ce que j’entends par « populaire » : qui s’adresse à tous et à toutes, sans restriction et même hors des théâtres-édifices. Et cet attachement quasi-obsessionnel à Music-Hall révèle aussi toute l’affection que je porte à son auteur « mort-trop-tôt », Jean-Luc Lagarce depuis que j’ai découvert ses textes (il y a une petite dizaine d’années).



L’histoire ?

Reprenons donc inlassablement l’argument de la pièce :
Face à nous, trois figures, une Fille et ses deux boys.
Une chanteuse de music-hall, et ses deux jeunes partenaires improbables recrutés au cours d’une des nombreuses tournées à la suite de la défection d’autres partenaires, et ainsi de suite …
Ils ne semblent pas jouer. Pas encore. Ils attendent des spectateurs qui ne viennent plus voir leur numéro. Et dans le temps de cette attente, ils nous parlent. En trente courtes séquences, ils évoquent, amusés, leurs vies pleines de rêves, d’utopies et de désillusions et de doutes.
Ont-ils vraiment vécu les vies qu’ils racontent ? Ont-ils vraiment été ceux qu’ils nous disent avoir été, ces grands et magnifiques artistes ? Trichent-ils avec leur histoire ? Subliment-ils le désastre de leur vie par ces beaux mensonges empruntés à un mythe collectif, fascinant et flamboyant, celui du music-hall, qu’ils (ré)inventent et s’approprient pour affronter un présent douloureux et déceptif ?
Difficile dans leu jeu de discerner le vrai du faux, et pourtant tout les ramène à un exercice cruel de lucidité sur eux-mêmes autant que sur nous-mêmes, nous, les spectateurs. L’heure n’est plus aux illusions.
Car s’ils ne sont pas sur la scène, mais derrière le rideau, face à eux, nous ne sommes pas tout à fait non plus considérés comme des spectateurs, ils nous dénient ce statut-là. Plus simplement, nous sommes des témoins, des sortes de confidents privilégiés de la chronique d’un temps révolu, d’une époque glorieuse qui n’est plus.

Thématiques.

Le théâtre désigne toujours l’instant de la rencontre fragile et éphémère d’acteurs et de spectateurs.
Music-Hall est une pièce de théâtre qui questionne de manière ludique cette rencontre, et qui témoigne amèrement de la difficulté des artistes aujourd’hui à rencontrer les spectateurs. Parler à des spectateurs de la misère de l’artiste qui se retrouve sans spectateur, tel est le drôle de paradoxe que met en scène ici Jean-Luc Lagarce.
Et malgré toute l’adversité à laquelle elle doit faire face, La Fille, héroïque figure de la résistance, continue, tous les soirs – c’est sa dignité – à monter sur scène et à tricher parce que c’est ce qui la fait tenir debout.
Et cette question-là, qu’est ce qui nous fait tenir debout et continuer, croyez-moi, nous concerne tous.
La parabole de La Fille est une parabole populaire pleine d’humanité et d’un espoir lucide et salvateur, qui excède de beaucoup le champ du théâtre. Une leçon de vie dans un jeu de théâtre.

Un spectacle itinérant pour la résidence.

Cette fable, je l’ai d’abord fait entendre classiquement sur une scène, puis devant une scène qui semblait inaccessible à cause du rideau de fer qui nous séparait d’elle. Aujourd’hui, je voudrais en quelque sorte faire coïncider la fiction et la réalité de la représentation, gageant que le spectacle a une vérité (c’est-à-dire au théâtre, une émotion) à y gagner. Plus de véritable scène donc. Théâtre non pas de rue, mais dans la rue, en plein air, loin des théâtres institutionnels.
Music-Hall « par les villages », c’est le désir avant tout de retrouver la poésie des tournées dans les provinces françaises que Lagarce évoque si souvent dans son oeuvre, les tournées dans les petites salles des fêtes, sur les places de village et dans les « banlieues grises ».
C’est aussi retrouver par une inscription dans des espaces réels l’adresse directe aux spectateurs, à tous les spectateurs, et surtout à ceux qui ne vont pas au théâtre. Nous jouerons malicieusement de ces effets de réels et des illusions propres au théâtre.
J’ai le sentiment, d’une mise en scène à l’autre de ce texte de Lagarce, d’aller toujours davantage à l’essentiel, au coeur d’une pièce qui toujours pourtant se dérobe (c’est le propre des grands textes), et me fascine par les espaces de liberté qu’elle offre au metteur en scène.

Nous irons par les villages de l’Aveyron, car ce sont eux qui ont suscité le désir de cette nouvelle version, et nous donnerons des rendez-vous publics et intimes aux habitants des villages que nous traverserons, soir après soir, comme des rendez-vous amoureux pleins de promesses …
Nous irons par les villages avec peu de choses, trois comédiens, figures irréductibles de saltimbanques, une valise, deux ou trois accessoires nécessaires, quelques lampes et une ou deux chansons … et peut être aussi une roulotte, à poser dans le paysage en guise de tout décor, ultime hommage à Jean-Luc Lagarce qui avait appelé sa compagnie de théâtre, le Théâtre de la Roulotte.
Et nous sommes bien décidés cette fois pour retrouver toutes les ambiguïtés et toute la drôlerie du texte à prendre les mots et les situations au pied de la lettre !

Music-hall s’invite à côté de chez vous ! Laissez-vous surprendre par l’envers du music-hall !

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création 2009


De Jean-Luc Lagarce
Mise en scène et scénographie Sébastien Bournac
Jeu Nathalie Vidal, Rui Angelo et Jacques Merle
Création sonore Thomas Reboul
Création lumière Philippe Ferreira
Création costumes Laurence Vacaresse
Administration Nicolas Dupas

La tournée Music-Hall « par les villages » s’inscrit dans le cadre de la résidence de la compagnie Tabula Rasa à la MJC de Rodez – Aveyron.
Création en partenariat avec la Mission Départementale de la Culture (Aveyron), la MJC de Rodez, le Théâtre de la Digue, la Compagnie Tabula Rasa.
Création soutenue et accueillie en résidence par Derrière le Hublot du 16 au 23 mai 2009  à Capdenac-Gare.
La Compagnie Tabula Rasa est équipe artistique associée au Théâtre de la Digue.
La Compagnie Tabula Rasa est soutenue par la DRAC Midi-Pyrénées, la Région Midi-Pyrénées, le Conseil Général de la Haute-Garonne, la ville de Toulouse.
La Compagnie Tabula Rasa bénéficie du soutien de la Fondation MAEC du Groupe Cahors.


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Revue de presse


La Dépêche, M.-C. B. le 19/05/2009

Une tournée dans les villages aveyronnais

La pièce « Music-Hall », dont c’est la troisième mise en scène, sera jouée en extérieur au Fel, à Cabanes, Onet-le-Château, Rodez, Arvieu-Comps Lagranville, Saint-Côme d’Olt, Murols et Capdenac.

Une première pour certaines communes lorsqu’elles verront débarquer, dans des « endroits innatendus et improbables », le camion forain de Tabula Rasa. « L’artiste n’est pas là pour exister dans une tour d’ivoir, mais il doit renvoyer aux spectateurs une image d’eux-mêmes. Le théâtre, ça parle de nous », indique Sébastien Bournac.

Ces représentations seront donc l’occasion de mieux communiquer avec les habitants, les collégiens et les forces vives du théâtre local qui pourront vivre un moment, une lecture avec ces comédiens professionnels. « Il s’agit d’amener la culture au plus près des populations » s’enthousiasme René Quatrefages, chargé de la culture au conseil général. Et, à l’occasion du 50e anniversaire de la création du ministère de la Culture, le même de citer André Malraux : « La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert ».


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