Sans Suite [Un air de roman] est une comédie musicale contrariée, une grande forme hybride où théâtre, musique et récit se nouent au fil d’une partition fragmentée qui épouse le vertige d’une chute intérieure. Celle de Thomas, compositeur en pleine ascension qui vacille après la mort de sa mère. Il n’écrit plus. Autour de lui, les voix s’accumulent, résonnent, l’envahissent.
Écrite par Baptiste Amann, mise en scène par Sébastien Bournac, composée par Pascal Sangla, cette fable chorale met en tension narration romanesque, polyphonie intérieure et chansons pop en contrepoint.
Ici, la musique expose les failles, révèle l’absence, bouscule les apparences. Le chant n’adoucit pas les blessures : il en révèle la dissonance. Avec neuf interprètes sur scène, Sans Suite traverse le trouble d’un homme en crise, au bord du silence, traversé par le deuil, le doute, l’effondrement ; et donne forme à une partition théâtrale sensible, fragmentaire, éminemment vivante. Une fable douce-amère sur ce que signifie encore, aujourd’hui, le simple fait de vivre.
NOTES PRÉLIMINAIRES pour une comédie musicale
Pour cette création, j’ai le désir fort d’explorer un genre assez inconnu pour moi : la comédie musicale.
Cela peut surprendre, même si, dans quelques-uns de mes précédents spectacles, on en trouvait déjà des ingrédients isolés (chansons, musique live ou même mouvements dansés…).
Ces deux simples mots accolés constituent une promesse de plaisir pour les spectateur.trice.s, autant qu’ils peuvent parfois faire mauvais genre et être l’objet de dénigrements, de reproches de légèreté voire frivolité…
Pourtant c’est bien la capacité de ce genre à décoller du réel et du réalisme social contemporain qui m’intéresse. Avec lui, on peut raconter la vie d’aujourd’hui autrement, moins dans l’esprit du temps peut être, et aller puiser dans l’esprit des profondeurs. Par la musique, le chant, le goût du romantisme et du drame, une chorégraphie bien huilée, il exacerbe les sentiments et amplifie la charge émotionnelle. Il défie les normes, le bon goût, permet toutes les extravagances et offre un espace nouveau de liberté de création pour les artistes. Ainsi aimer la comédie musicale pourrait donc presque relever d’une subversion.
Surtout si sa forme devient l’endroit d’expression d’un sujet profond et grave. L’histoire vient alors ouvrir des abîmes dans la joie générée par la comédie musicale, et sa forme vivifiante en retour opère des ruptures contrastées au coeur même d’une fable tourmentée.
C’est exactement cette tension qui m’intéresse. Porter à la scène une oeuvre (à écrire) qui se situerait entre I Don’t want to sleep alone du cinéaste taïwanais Tsai Ming Liang et All that Jazz (Que le spectacle commence) de Bob Fosse.
Pour m’accompagner dans cette plongée, j’ouvre un double dialogue : avec un jeune auteur très talentueux, Baptiste Amann, et avec un musicien, Pascal Sangla, tous deux ayant par ailleurs un rapport à la scène beaucoup plus complexe et complet dans l’exercice de leur métier que ne le laisse supposer les compétences d’écriture ici convoquées. Passer deux commandes d’écriture (une pour le livret et les chansons, l’autre pour la musique) s’inscrit naturellement dans le projet artistique de la compagnie depuis plus de 15 ans.
Baptiste Amann s’affirme comme un conteur contemporain éclairé et éclairant capable d’écrire des fresques inspirées, entre intime et politique. J’apprécie chez lui la mélancolie de l’être autant que la puissance du verbe. En poète, il sait l’art d’écrire des fictions théâtrales émouvantes où il saisit le vif de nos vies et nos préoccupations actuelles prises entre utopie et désillusion. Très concrètement, il met à nu avec talent la collision entre rêve et réalité.
Pascal Sangla est (entre autres) un musicien brillant qui maîtrise l’art de composer des musiques très riches et subtiles pour la scène ou le cinéma. Il sait varier les rythmes, les registres et les tons. Il ajoutera tout son univers poétique et instrumental (piano, cordes, batterie) à l’écriture de Baptiste, et les décalages, les ruptures musicales nécessaires au projet.
Entre nous trois, le dialogue est ouvert, et nous y sommes bien présents.
Sébastien Bournac
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Un projet de la compagnie Tabula Rasa
Durée estimée : 2h
Texte : Baptiste Amann
Musique, composition musicale : Pascal Sangla
Mise en scène : Sébastien Bournac
Avec : Hugues Jourdain, Annie Mercier (sous réserve), Mathilde Panis, Jean-Baptiste Szézot, Jennie-Anne Walker… (distribution en cours : 9 artistes comédien.ne.s & musicien.ne.s au plateau envisagés).
Scénographie : Camille Duchemin
Création lumière : Jean-François Desboeufs
Création costumes : Elsa Bourdin
Travail vocal : Pascal Sangla
Création et régie son : Loïc Célestin
Chorégraphie : en cours
Régie plateau et régie générale : Ludovic Heime
Production / Administration : Allan Périé, Julien Guiard
Production : Compagnie Tabula Rasa
Coproduction : ThéâtredelaCité – Centre dramatique national de Toulouse / Occitanie ; Le Parvis – Scène nationale Tarbes Pyrénées ; Scène nationale d’Albi – Tarn ; L’Empreinte – Scène nationale Brive/Tulle ; Scène nationale du Sud-Aquitain ; Théâtre + Cinéma Scène nationale du Grand Narbonne, Scène nationale de Sète… (en cours)
Ce projet a reçu le soutien de la Région Occitanie et de la Ville de Toulouse.
La compagnie Tabula Rasa est conventionnée par la Direction régionale des affaires culturelles Occitanie et par la Ville de Toulouse.
Crédit d’illustration : ©Alpha Jegham, Poussière des poussières / Technique mixte, Avril 2020
du 11 Mar 2026 au 13 Mar 2026
Le Parvis, Scène Nationale de Tarbes Pyrénées.