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M.# Suite fantaisie



d’après l’œuvre de Marivaux

Si l'amour se menait bien, on n'aurait qu'un amant ou qu'une maîtresse en dix ans ; et il est de l'intérêt de la nature qu'on en ait davantage.


Marivaux



On verra dans M[arivaux]. #suite fantaisie …

Des valets et des soubrettes s’aventurer dans la société des acteurs, se laisser naturellement prendre au piège de la comédie et démêler avec beaucoup de peine le réel de la fiction dans leurs sentiments ;

Des jeunes hommes en train de disserter sur l’infidélité et la cruauté des femmes et qui se résoudront à les fuir désormais toutes ;

Des jeunes femmes redouter le mariage et s’effrayer de la duplicité des hommes lorsqu’ils deviennent des maris ;

Un roturier riche à millions soumettre une bourgeoise de province à une épreuve perverse ;

Un Marquis préférer épouser une femme qu’il n’aime pas plutôt que de lui donner les 200000 francs comme le prescrit l’héritage d’un parent commun,

Des hommes et des femmes, des maîtres et des valets, des riches et des moins riches, des manipulateurs et des manipulés, engagés dans des ballets sentimentaux périlleux dont le but est de nous surprendre.



Ce qui arrive … (notes-d’après-la-création – Rodez / janvier 2005)

Notre point de départ : l’idée de mettre en scène les accidents d’amour, les crashs de sentiments qui se produisent de façon répétitive dans l’oeuvre de Marivaux. Représenter l’accumulation de ces accidents ne crée pas ici de tragique (quoiqu’elle mette fin à toute idée de hasard), mais plutôt de la jouissance.

La scène est bi-frontale.
Au centre, on ausculte les passions humaines : cette furieuse envie d’aimer, inlassablement vouée à l’échec. Et à recommencer, tel Sisyphe.
L’amour chez Marivaux est mythologique.
Entre nécessité et absurdité, il y a la place pour le jeu de l’amour et du langage.

Spectacle convulsif, tout en ruptures.
Le corps tout d’abord, et la dépense des énergies sont les instruments de cette autopsie des sentiments. Nous avons travaillé avec un chorégraphe pour explorer cet engagement physique de l’acteur et donner corps aux mouvements du texte.

Vitesse, accélération, chute.
Les scènes s’enchaînent et se répètent sans répit déclinant toutes les situations de l’amour imaginées par le dramaturge : aveux, déclarations, refus, fuites, frustrations, fantasmes, substitutions, masques, troubles identitaires, confusion des sexes … Jusqu’à l’usure finale qui n’a bien sûr rien de définitif.

Mais tout cela n’est qu’un jeu – n’est que du jeu.
Les acteurs jouent à jouer et à se perdre dans ce labyrinthe du cœur et des passions.

Loin de toute interprétation socio-historique, psychanalytique, politique ou loin de telle autre qui plaquerait sur l’oeuvre une obscure perversité qui lui est totalement étrangère, nous avons tout simplement pris la lettre du texte à bras-le-corps, sans fard, frontalement.

M[arivaux]. # Suite Fantaisie est une partition originale que nous avons construite ensemble avec les 5 acteurs, sur la scène ; une machine infernale et ludique qui se nourrit voracement d’extraits de l’oeuvre de Marivaux. La vitalité et les énergies des acteurs s’y engouffrent pour les consumer et en extraire leur réjouissante théâtralité.

Et contre cette théâtralité viendra peut-être buter quelque chose des amours troubles de notre temps si propice aux accidents de tous ordres.

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création 2004


Divertissement théâtral imaginé par la compagnie TABULA RASA à partir de quelques scènes, réflexions et autres surprises extraites de l’oeuvre de Marivaux.

Conception, scénographie et mise en scène : Sébastien Bournac

Création lumière, régie technique : Lydie Carras
Environnement sonore : Pascal Sangla
Costumes : Stéphane Facco
Conseil chorégraphique : Richard Nadal

Avec : Clémence Barbier, Stéphane Facco, Victor Gauthier-Martin, Pascal Sangla, Virginie Vives

Production : compagnie Tabula Rasa, en coréalisation avec le Théâtre de Cahors // 2004


Revue de presse


Sud Ouest [Converti]

Coulx – La troupe Tabula Rasa présente une création

21/07/2004

Le spectacle « M[arivaux]. # suite fantaisie » est un chantier théâtral imaginé par la compagnie Tabula Rasa, avec Clémence Barbier, Stéphane Facco, Victor Gauthier-Martin, Pascal Sangla, Virginie Vives. Lumières et régié technique, Lydie Carras. « On verra dans « M[arivaux]. # suite fantaisie » de jeunes hommes et de jeunes femmes, des maîtres, des valets,  des riches et des moins riches, des manipulateurs et des manipulés, engagés dans des ballets sentimentaux périlleux dont le but est de nous surprendre. »

A ce jeu-là, l’argent, le pouvoir et le sexe brouillent les identités. Chacun cherche sa vérité, se trouve ; chacun rencontre l’amour et le perd. Aimer c’est se dérober à soi-même. L’amour est une comédie pleine de méprises, de surprises, de disputes, de stratagèmes, de jeux hasardeux, de serments indiscrets, de travestissements et de dénouements imprévus … Il serait trop simple et trop sage d’en rester à l’image de Marivaux, promoteur d’une certaine forme superficielle de bavardage mondain sur les subtilités du sentiment amoureux. Marivaux, dans ce grand désordre des sentiments et des identités, ne s’en remettant qu’à son bon sens, construit un fragile équilibre entre la morale et le plaisir.

Lieux divers. La compagnie Tabula Rasa joue cette création dans les lieux les plus divers de la région : être souple absolument pour aller partout, jouer partout : place de village, châteaux, fermes, champs, usines désaffectées, halles, théâtres de plein air et samedi 24 juillet, le site du Moulin de Coulx où la chaude soirée et la nuit étoilée semblent être un cadre particulièrement propice pour donner à voir et à entendre la magie des égarements du coeur et de l’esprit des créatures marivaudiennes. Dès 21h30, au Moulin.


DDM-QUADRI-2013

Marivaudages avec la Tabula Rasa

08/07/2004

Mercredi dernier, la compagnie toulousaine « Tabula Rasa » a investi pour la 2ème année consécutive la salle des fêtes. Le titre du spectacle annonçait la couleur : M[arivaux]. # suite fantaisie. La jeune troupe poursuit en effet cette année son exploration du répertoire de Marivaux, et a présenté un chantier théâtral à partir de quelques scènes qui posent chacun à leur façon et presque obsessionnellement la question de l’amour et de la difficulté d’aimer : troublante variation sur le même thème.

Déjà l’an passé cette compagnie avait fait impression par l’exigence et la qualité de son travail, avec « L’héritier du village ». Cette année, elle se reisque avec bonheur à un exercice plus difficile : mettre en scène à travers quelques situations précisés et emblématiques tirées des pièces les plus brillantes de Marivaux, les ambiguïtés et vertiges de l’amour. Le résultat est surprenant, les transitions entre les scènes particulièrement habiles : travail chorégraphique, chansons en playback, musiques électroniques … et derrière cet enchaînement de scènes se dessine en filigrane une autre histoire, celle de la génération des jeunes d’aujourd’hui, perdus dans leurs désirs, dans leurs fantasmes et illusions de l’amour entre fiction et réalité. Les comédiens, toujours au plus près des mots et de la pensée du texte, auscultent l’oeuvre de Marivaux et l’incarnent pour comprendre et nous faire entendre quelque chose de notre époque que nous avons du mal à formuler. « Dans un dispositif bifrontal (des spectateurs de part et d’autre de la scène centrale), nous sommes au plus près complices des acteurs dans leur expérimentation autour de l’amour. Tels des acrobates de la langue et de l’espace, ils s’engagent dans des ballets souvent périlleux et réussissent toujours à provoquer notre surprise par une mise en scène souvent décalée : scène en patins à roulettes, femme dans un caddie qui se débat contre les clichés de la passion amoureuse … Nommons les ici pour saluer la liberté et la vitalité avec laquelle ils évoluent dans ce spectacle sous la houlette de Sébastien Bournac : Stéphane Facco, d’abord, que nous sommes toujours heureux de retrouver sur scène ou à l’écran, Clémence Barbier, Virginie Vives, Victor Gauthier Martin et Pascal Sangla. L’amour est un jeu et une comédie qui a provoqué des rires chaleureux et fait grincer bien des dents. » conclut Noé Sluggert.